L ÂNE ET LE PETIT CHIEN
001 Ne forçons point notre talent,
Nous ne ferions rien avec grâce :
Jamais un lourdaud, quoi qu il fasse,
Ne saurait passer pour galant.
005 Peu de gens, que le Ciel chérit et gratifie,
Ont le don d agréer infus avec la vie.
C est un point qu il leur faut laisser,
Et ne pas ressembler à l Ane de la Fable,
Qui pour se rendre plus aimable
010 Et plus cher à son maître, alla le caresser.
"Comment ? disait-il en son âme,
Ce Chien, parce qu il est mignon,
Vivra de pair à compagnon
Avec Monsieur, avec Madame ;
015 Et j aurai des coups de bâton ?
Que fait-il ? il donne la patte ;
Puis aussitôt il est baisé :
S il en faut faire autant afin que l on me flatte,
Cela n est pas bien malaisé. "
020 Dans cette admirable pensée,
Voyant son Maître en joie, il s en vient lourdement,