DỊCH HẠCH - Trang 271

aux quatre coins de la ville, devant les boutiques d’alimentation. C’était la
même résignation et la même longanimité, à la fois illimitée et sans
illusions. Il faudrait seulement élever ce sentiment à une échelle mille fois
plus grande en ce qui concerne la séparation, car il s’agissait alors d’une
autre faim et qui pouvait tout dévorer.

Dans tous les cas, à supposer qu’on veuille avoir une idée juste de

l’état d’esprit où se trouvaient les séparés de notre ville, il faudrait de
nouveau évoquer ces éternels soirs dorés et poussiéreux, qui tombaient sur
la cité sans arbres, pendant qu’hommes et femmes se déversaient dans
toutes les rues. Car, étrangement, ce qui montait alors vers les terrasses
encore ensoleillées, en l’absence des bruits de véhicules et de machines qui
font d’ordinaire tout le langage des villes, ce n’était qu’une énorme rumeur
de pas et de voix sourdes, le douloureux glissement de milliers de semelles
rythmé par le sifflement du fléau dans le ciel alourdi, un piétinement
interminable et étouffant enfin, qui remplissait peu à peu toute la ville et
qui, soir après soir, donnait sa voix la plus fidèle et la plus morne à
l’obstination aveugle qui, dans nos cœurs, remplaçait alors l’amour.

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