001 Deux Mulets cheminaient, l un d avoine chargé,
L autre portant l argent de la Gabelle.
Celui-ci, glorieux d une charge si belle,
N eût voulu pour beaucoup en être soulagé.
005 Il marchait d un pas relevé,
Et faisait sonner sa sonnette :
Quand l ennemi se présentant,
Comme il en voulait à l argent,
Sur le Mulet du fisc une troupe se jette,
010 Le saisit au frein et l arrête.
Le Mulet, en se défendant,
Se sent percer de coups : il gémit, il soupire.
"Est-ce donc là, dit-il, ce qu on m avait promis ?
Ce Mulet qui me suit du danger se retire,
015 Et moi j y tombe, et je péris.
- Ami, lui dit son camarade,
Il n est pas toujours bon d avoir un haut Emploi :
Si tu n avais servi qu un Meunier, comme moi,
Tu ne serais pas si malade. "