Daigne qui voudra les contes de fées ; pour moi, c’est
une des joies de mon enfance, c’est un de mes plus doux
souvenirs. Bien des années ont passé, mais elles ne m’ont
pas encore apporté cette sagesse dont on m’avait menacé.
Entre autres faiblesses, j’ai gardé l’amour des contes de
fées.
D’où vient ce goût singulier que les hommes ont pour le
merveilleur ? Est ce donc que le mensonge est plus doux
que la vérité ? Non, les contes de fées ne sont pas un
mensonge, et l’enfant, qu’il s’en amuse ou qu’il s’en effraie,
ne s’y trompe pas un instant. Les contes sont l’idéal,
quelque chose de plus vrai que la vérité du monde, le
triomphe du bon, du beau, du juste. L’innocence l’emporte
toujours.
Souvent, il est vrai, la victime passe trente ans dans un
cachot avec des serpents, quelquefois même on la coupe en
morceaux, mais tout s’arrange à la fin, le méchant est
toujours puni : il n’est pas besoin d’attendre un monde
meilleur pour châtier le crime et couronner la vertu.
C’est là qu’est le secret de ces récits merveilleux.
LA BOULAYE