Tri
ết-lý Đại-Đồng
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J'ai séjourné deux jours et demi dans une cellule de la
prison de Tây Ninh avec mon ruban arboré et la carte de
Chevalier sur moi.
Ainsi aux yeux du Gouvernement Colonial, la Légion
d'honneur ne signifie rien, l'infâmie peut atteindre.
Tout le tort revient-il à la République qui ne devait
pas conférer cet insigne honneur à un pauvre indigène?
J'accomplis mon geste avec d'amers regrets, mais je
préfère ne plus porter une très haute distinction à laquelle
le Gouvernement Colonial n'a aucun égard et qui ne peut
même plus devenir un éclatant témoignage de mon
attachement à la France.
Cependant, confiant en la justice de cette France
douce et généreuse que j'ai toujours aimée, je poursuivrai
jusqu'au bout ma tâche sans passion et sans haine, espérant
qu'on voudra bien un jour se rendre compte des erreurs
commises et rendre justice à une religion qui n'a d'autre
prétention que celle d'apporter au monde la paix et la
concorde.
Veuillez agréer, Monsieur le Président de la
République, l'expression de mon plus profond respect.
LÊ VĂN TRUNG
LÊ VĂN TRUNG Pâpe Intérimaire
du Bouddhisme rénové ou Caodaisme,
Ancien Conseiller Colonial,
Ancien Membre du Conseil de Gouvernement de
l'Indochine.
Long Thành Tây Ninh (Cochinchine).
Pièce jointe: Un certificat de Monsieur le Grand
Chancelier de l'Ordre National de la Légion d'Honneur.