NHIỆT ĐỚI BUỒN - Trang 14

reprises le rôle essentiel qu’ont joué les travaux du sinologue Marcel Granet, et
notamment l’ouvrage Catégories matrimoniales et relation de proximité dans
la Chine ancienne
(1939), pour l’élaboration de sa théorie générale de la
parenté. (Goudineau Y., 2008).

L’écriture de Tristes Tropiques intervient donc à un moment du parcours de

Claude Lévi-Strauss où ce dernier jouit d’une solide réputation académique
ayant déjà franchie les frontières du seul domaine de l’anthropologie. Il est une
figure scientifique engagée au niveau national et international, de cette
génération d’intellectuels (tel Maurice Merleau-Ponty), de libres-penseurs et
d’artistes que l’on dénomma la “génération de 1945” (regroupant des
personnalités nées pour la plupart avant la Grande guerre qui entamèrent, au
lendemain de la seconde guerre mondiale dans une Europe en ruine et
traumatisée, un travail de refondation de la pensée), comme le démontre avec
force le court ouvrage Race et Histoire rédigé en 1952 à la demande de
l’UNESCO. En contrepoint des thèses du père du racisme scientifique, Joseph
Arthur de Gobineau (1816-1882), et des théories évolutionnistes qui n’en
finissent pas d’agonir depuis plus d’un siècle, Claude Lévi-Strauss y défend
une vision de l’universalité de l’humanité creusée de la diversité des cultures
humaines dont la réalité et la puissance créatrice doivent être conçues et
appréhendées de manière dynamique et non statique.

Cette reconnaissance bien établie explique peut-être en partie la liberté de

ton et la forme peu académique adoptées par Claude Lévi-Strauss dans Tristes
Tropiques
, texte pensé et rédigé à destination d’un public néophyte ou, tout au
moins, plus large que celui des quelques spécialistes de la discipline. Tout à la
fois récit de voyage, réflexions anthropologiques et philosophiques, analyse
ethnographique, autobiographie intellectuelle, l’ouvrage est inclassable et
connaît un succès public immédiat. On a pu le comparer à un essai
romanesque, dans la veine d’Au cœur des ténèbres de Joseph Conrad. Je
préfère y voir le vagabondage d’un esprit génial qui nous invite à un véritable
parcours initiatique sur la façon de penser les “autres” en décrivant, par
exemple, la formidable pluralité des rapports possibles de l’homme à la nature,

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